Séance du 20 octobre 19381
1Hjelmslev fait observer que le principe admis par Kuryłowicz (B.S.L. XXXV, 1935, p. 27), principe « qui défend la comparaison directe d’éléments appartenant à deux systèmes (phonologiques ou morphologiques) différents », prête à l’objection. Autre chose est comparer deux systèmes linguistiques, autre chose tâcher d’établir la parenté de deux langues. Dans ce dernier cas la dissemblance de système n’y est pour rien. La dissemblance des systèmes accentuels grec et lituanien ne fournit donc pas un argument contre leur origine commune (indo-européenne).
2Kuryłowycz se déclare d’accord avec la distinction établie par Hjelmslev. Il observe que toutefois dans le cas des intonations grecques et lituaniennes nous avons à faire à des systèmes non seulement dissemblables, mais aussi incompatibles. Si l’on tenait à l’origine commune de ces deux systèmes, il faudrait admettre qu’au moins une des deux langues ait complètement perdu l’ancien système pour créer ensuite un système nouveau, n’ayant rien de commun avec le système ancien. Car un mot « intoné » lituanien répond toujours à un mot « non-intoné » grec et vice versa (« intoné » ayant le sens de « caractérisé au point de vue de l’intonation »).