11 La création d’une langue créole implique l’abandon du système grammatical des langues originelles des sujets parlants. Il a fallu abandonner l’hypothèse selon laquelle une langue créole serait une grammaire exotique greffée sur un vocabulaire européen. On enseigne aujourd’hui que la grammaire créole est la grammaire réduite au minimum.
2On peut cependant montrer qu’il n’est pas ainsi. On peut déter|miner théoriquement le minimum grammatical, c.-à-d. le minimum absolu de morphèmes fondamentaux :2 c’est une corrélation intense à deux termes (d’ordinaire deux cas) et une corrélation extense à deux termes (d’ordinaire deux degrés d’emphase). Les langues cré|oles n’atteignent pas ce minimum.
3L’expression des formes grammaticales est dans les langues cré|oles à l’optimum : univocité paradigmatique (manque de « déclinai|sons » et de « conjugaison » différentes) ; univocité syntagmatique (chaque morphème a son expression à lui) ; ordre de mots pourvu d’une valeur grammaticale.
4Ceci pourrait faire penser que le système grammatical des lan|gues créoles (l’inventaire et la configuration des morphèmes fondamentaux) est le système grammatical à l’optimum. Discussion théo|rique de cette hypothèse et vérification sur quelques langues créoles proprement dites (« creolized languages », surtout le papiamento). Programme d’une étude comparative intégrale.